L'homme que je ne devais pas aimer

Agathe Ruga - Flammarion

Ariane danse au bord du précipice, personne ne saurait l’en empêcher. Prête à chuter, à tout perdre, faire voler en éclat sa cage dorée, celle-là même qu’elle a tant voulue, qu’elle a construite : mari, enfants, maison, carrière, écriture, gloire et reconnaissance...

La vie n’est pas un long fil linéaire. Parfois rester en vie c’est justement tout le contraire, affronter le chaos et le déséquilibre.

Ariane se souvient des schémas, des canevas, des émotions et des sensations qui l’on amenée jusque-là.

 Elle se souvient et nous raconte ses hommes.

Ils vont et viennent et s’intercalent tout naturellement dans la narration, la figure protectrice du père, le grand-père un peu bourru, les beaux-pères qui vous prennent par la main et ceux qui la posent contre votre dos pour vous empêcher de tomber, les maris et amants, ceux qui pleurent et qui laissent la place quand l’histoire est finie et puis Sandro, le regard de Sandro. Oiseau de nuit ténébreux.

C’est aussi une magnifique histoire de transmission. Celle d’une mère libre qui s’autorise et qui autorise, une mère, belle et joyeuse, aimante et amante, protectrice et amie.

Une liberté transmise comme un passeport pour écouter son cœur.

Ariane la passionnée, tombe amoureuse en un regard. Le regard de l’homme qu’elle ne devait pas aimer et le début de sa descente en enfer. Tomber amoureuse prend ici tout son sens, laisser tomber le masque social, professionnel, le bal des apparences prend fin et Ariane ira jusqu’au bout de la chute. Sabotage en règle d’une vie qui ne lui correspond plus. Il y a des mues nécessaires.

Avec beaucoup de talents, Agathe Ruga écrit Ariane, de sa petite musique personnelle, tantôt pudique tantôt osée, elle raconte l’histoire d’une femme qui va s’affranchir et devenir autre.

Une histoire d’amour incandescente et lucide, entre deux êtres que tout oppose.

Une fine analyse sur le désir et la passion, sur la complexité d’être femme, mère, fille, sur la fragilité des liens et des sentiments et aussi sur les chemins qu’on ne peut éviter !

Bravo Agathe pour ce roman tout en sincérité.

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