La famille Seagrave de Joanna Quinn

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Les enfants Seagrave,  d'une guerre à l'autre

Traduit par Christel Gaillard-Paris - Robert Laffont

Chilcombe, Dorset.

 La famille Seagrave répond aux codes de l’aristocratie anglaise ainsi qu’à ceux de son époque. Rosalind a épousé Jasper, le maitre du manoir, parce qu’après avoir beaucoup profité de sa vie oisive, il n’est plus resté aucun homme, les uns sont morts et les autres sont encore à la guerre. Jasper est veuf et inconsolable plus vieux que la belle Rosalind et ce mariage a eu lieu uniquement pour tenter d’obtenir un héritier. La précédente Madame Seagrave est morte après couche et lui a laissé une petite fille dont il ne sait que faire.

Rosalind meurt d’ennui sauf quand Willoughby, le jeune frère de Jasper va et vient sur le domaine, automobile pétaradante, un verre d’alcool au creux de la main et un intérêt croissant pour sa belle-sœur.

Tandis que le destin bouscule les trajectoires, le temps s’étire oisivement les adultes reçoivent amis et artistes, batifolent et s’étourdissent à grand renfort de mets et d’alcool que les gens de maison s’évertuent à harmoniser, pendant que les enfants vivent leur vie comme ils l’entendent, entre plages et grenier. Cristabel fille de Jasper, Flossie sœur improbable et Digby le petit frère tant attendu. Cet été-là, une baleine échouée sur la plage attire l’attention de Cristabel à l’imagination débordante. Kovalsky, peintre russe, ogre tonitruant amateur d’art et de femmes qui a trouvé l’asile au manoir en compagnie de deux égéries, cristallise la fantaisie de la jeune fille.

La crainte va céder la place à la frivolité quand l’Angleterre s’engage dans le conflit qui oppose l’Allemagne au reste de l’Europe. Les enfants Seagrave qui s’étaient lancé dans le théâtre amateur vont plier bagages, déguisements, tirades dramatiques. Ils vont surtout quitter l’enfance et prendre part à l’effort de guerre, chacun à leur façon, Flossie sur le domaine et Cristabel et Digby dans les services secrets de leur pays

Dans le tumulte de la guerre, maitres et valets partagent les mêmes craintes, les mêmes douleurs et jusqu’à la même cuisine, tous conscients que finalement on dégringole de son piédestal plus facilement encore qu’on y a accédé.

Et le petit théâtre de la baleine va céder à sa place à l’inquiétant théâtre des ombres.

Entre mes lignes