Je peux imaginer Guy, enfant rêveur, choyé par sa mère et par ses sœurs, à une époque, indissociable de sa chère Malou, jeune fille timide, un peu boulotte, douce et souriante qui l’accompagnait sur les chemins.
A l’école c’était compliqué. Dans les années 50, 60, on ne parlait pas de harcèlement ni de mauvais traitements, les parents ne se préoccupaient pas de ce genre de chose. L’instituteur était tout puissant et avait la confiance du village.
Madame Bénac était une jeune institutrice, malheureuse de surcroit, son époux prématurément décédé d’un cancer. Peut-être que ceci peut expliquer qu’elle soit devenue méchante... en tous cas elle martyrisait le jeune Guy, elle se moquait, elle le battait, elle le terrorisait et il pleurait. C’était un crève-cœur pour le reste de la classe.
Quand madame Bénac s’éclipsait dans ses appartements au-dessus de l’école, sa femme de ménage Suzon prenait le relais et surveillait la classe. Celle-ci n’aimait pas les enfants, elle n’avait pas même voulu élever sa propre fille, alors là encore, Guy n’était pas à la fête.
Un enfant triste et larmoyant, ainsi était il.
L’école, il y est resté le temps nécessaire jusqu’au collège et il a enchainé les petits boulots : le ramassage du tabac, des haricots, des tournesols et des melons.
Les melons par contre, ils ont failli le rendre fou. C’est très dur les melons, toujours au ras du sol, des melons à perte de vue sous le soleil accablant, des journées, des semaines avec d’autres qui avaient repéré que c’était un gentil et qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, inévitablement...
A la fin, il avait perdu les pédales. Devenu parano, il dormait dans sa voiture… mais on serait devenu fou pour bien moins que cela !
ENTRE MES LIGNES
Sandrine Dastarac
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