Atelier d'écriture

La vie, la mort, l’éternité.

L’été, les pieds nus ancrés dans l’herbe, le menton relevé vers le soleil, je tourne, tourne, tourne et virevolte dans ma robe rouge. Je tourne à en perdre l’équilibre, à manquer de souffle, à sentir la sueur perler sur mon front. Et tourne l’enfance dans la moiteur de l’été !

Toutes les petites filles du monde jouent à tourner dans leur nouvelle robe de princesse, je ne suis pas une exception, avant moi ma mère, et avant elle, la sienne…

Danser la vie, danser le soleil, danser la robe rouge qui fait une corolle autour de mes jambes maigres et tordues de petite sauvageonne !

La vie, la mort, l’éternité.

Après moi, la princesse blonde n’a jamais tourné dans la robe rouge… elle ne l’a jamais aimée. Elle ne l’a jamais portée. Elle n’aimait pas les robes de princesses, encore moins tourner dans le soleil d’été !

Quand elle est née les temps avaient changé, les petites filles d’hier ne font pas toujours les fillettes d’aujourd’hui. L’écran a mangé le soleil, l’été ne fait plus tourner les corps enfantins.

La vie la mort l’éternité.

Il y a bien longtemps que je ne danse plus, pourtant je rêve souvent de la robe rouge, des éclats de soleil sur ma peau, de mes cheveux trop longs, trop raides qui me chatouillent le dos. Le temps est fugace, les songes insistants.

Je suis entrée dans l’hiver de ma vie. La mort. Elle arrive, est déjà à ma porte…Quand elle aura emporté loin de moi la trace de toutes choses, pourrai-je encore m'imaginer danser l’été pour l’éternité, plus près du soleil, en son zénith. Dans son giron incandescent danser ma robe rouge et le souvenir de l’été insouciant.

Mais au fait ! Il faut que je vous dise, il n’y a jamais eu de robe rouge !

Rêve de gosse pour masquer une réalité trop fade ?

Je suis le souvenir d’une petite fille d’hier qui avait imaginé sur son corps nu, une robe rouge pour danser le soleil des étés incandescents !

La vie, la mort, l’éternité et la liberté …

 Écrire d'après une photo d'Alain Leboile , un concours d'écriture